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versione telematica di ''Bollettario'' quadrimestrale di scrittura e critica. Edoardo Sanguineti - Nadia Cavalera
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ESTRATTO

Action-Writing_6

Sylvain Courtoux

Bollettario n°40


(...)les régions marécageuses du cul __je préfère ça à d’la merde en boite dit-elle tu bandes (ça) branle (ça le) craque le slip ça court-circuite même le babil «vite!» vide-ça évite-ça pla(sti)q-ça presque en mag’ma f(i)ente sur ta bite «ah le mal ça résiste! ah le mal ça persiste et signe» toujours trop avidement l/hâche à l’arrache tes bombes carrément {les grandes révolutions formelles sont des révolutions de rythme} éros + massacre prolif(t)&rrant _n’oublie surtout pas d’m’éjaculer un peu d’pue sur la raie d’être généreuse (bonne pipeuse) _le chaos devenu chair (fiel) fièvre aphteuse lacérant ton anus qu’accule mouille sperme virus langue lépreuse (tu dis les preuves de ma barbarie sont là) tu dis l’illusion d’une réussite des discours positivés se paie du meurtre de toute expérience réelle de tout évanouissement intime de tout leurre idéologique il faut laisser au mot la signification du mal le réalisme est une affaire de forme dit-elle «la puissance d’un impersonnel n’est nullement une généralité mais une singularité au plus haut point»_leçon.1: l’écriture (seule sale & veule) est impuissante: le bas-ventre des filles file me file entre les doigts ne révèle un caractère d’abîme qu’à la longue il ne serait pas un abîme s’il était disponible sans fin dit-elle restant égal à lui-même à jamais joli à jamais dénudé à jamais possible à jamais palpable dans le chaos (pervers-avèré) des choses à jamais ouvert par le désir mais s’il n’a pas le caractère immédiatement noir du ravin (répéter il faut noircir) il n’en est pas moins vide pour autant & n’en mène pas moins à l’horreur (le désengagement émotionnel permanent/la simplification lyrique) répéter jusqu’à vomissement la langue (ma langue) n’est pas donné indépendamment du jeu de l’interdit et de la transgression l’écriture ne peut s'accommoder d’un réel univoque et assignable à un sens ultime et insécable car l’in-signifiance est la réalité ultime du réel dit-elle nous ne savons plus dire le mal dit-elle nous ne savons plus que proférer le discours des droits de l’homme -valeur pieuse faible inutile & hypocrite qui repose sur une croyance illuministe en l’attraction naturelle du bien et sur une idéalité des rapports humains j’ai la nausée d’un monde qui prolifère dit-elle qui s’hypertrophie dit-elle et qui n’arrive pas à accoucher d’un événement réel _partout maintenant toute lueur de destin et de négativité a du être expulsée au profit d’une rédemption générale des signes dans une gigantesque partouze de chirurgie plastique _tout ce qui ne peut plus se nier en tant que tel est vouée à l’incertitude radicale et à la simulation indéfinie dit-elle _tu jouis tu en jouis tu t’en joues (bien sûr) aussi tu essais d’accumuler (sperme virus langue mouille) tu essais de (te) justifier tu essais de (te) disséminer tu essais de (te) contaminer tu essais d’accumuler toujours plus de jouissance toujours plus de défiance toujours plus d’in-signifiance (les preuves de ta barbarie sont là) & par (ch)à(q’) coup de mutiler toujours plus le sens qu’importe ta perversité puisque l’objet est toujours à (ta) distance (absolument pas prêt à être ainsi consommer) tes textes se(nti)raient un peu l’con comme de la vi(d)and/ge pré-digé(st] n/ri& (d)coup’coul& «le cou(p) appelle le couteau» ça n’la(i)sse pas de dégoût’& pas tellement de quoi s’passionner pour ainsi dire pas tellement d’quoi en faire une avancée avant-gardiste extrême ton geste tu l’tentes tu l’expérimentes ça parle ça (dé)pense ça s’écrit sans cess’(& ex-acte (ment) comme de (m)être de la merde sur sa langue) tu l’expérimentes tu t’expérimentes sans cesse (tout en distrance distorsion lente) tu dis: je joue je jouis sans cesse dans l’inceste-palimpseste des textes tu tê(s)tes tâtes textes constates que ta queue est comme plâte un peu rêche un peu sèche (un peu vide + tout aussi avide) rétive à une bonne grosse giclée de partouze symbolique tu lèches suces craches ça jouit vite du lapsus mais ça agace grave en plus tu dis rien ne t'empêche de jouer encore comme bon te semble mais la partie t’appartient-elle? je veux dire les règles du jeu n’ont-elles pas été fixées pour une fin qui en dernière instance te dépasse complètement dit-elle _leçon.2: ravage ta langue ravage maintenant ta langue ne pense même plus qu’à ça qu’au ça(L) qu’au saccag’: les révolutions jamais ne s’annoncent jamais ne s'amassent dans la langue (forcément flasque) de ceux contre qui elles se f(r)on(den)t on a beau répéter dit-elle qu’il faut noircir qu’il faut planter le mal au coeur même de la langue que la langue dans laquelle on parle est aussi celle du pouvoir on a beau répéter qu’il faut répéter mettre en boucle sampler cuter saturer dit-elle pour poétiser la langue pour soustraire la langue au dogme de la signification au dogme de l’homogénéisation du sens on a beau répéter aussi que cette langue est la seule pour contrer l’impérialisme sémantique du pouvoir et les enjeux d’domination et qu’il faut travailler cette langue (tout en travaillant cette schize maternelle (tout à fait personnelle): on a beau répéter nous ne sommes pas au monde) conçu comme machine de guerre syntaxique capable de briser les lignes de raccord des machines systémiques dit-elle «un des principaux caractères scientifiques politiques et pratiques de toute révolution véritable (ou à venir) c’est l’augmentation extraordinairement rapide du nombre de petits-bourgeois qui commencent à participer activement personnellement artistiquement à la vie politique (...) une formidable vague petite-bourgeoise submerge tout elle écrase le prolétariat elle s’impose à tous les stades de décision avec son idéologie bourgeoise et par ce fait contamine idéologiquement toute révolution en train de se faire» d’où l’importance extrême que peut revêtir la forme d’action d’une avant-garde artistique conséquente car il s’agit d’abord de montrer de définir de prouver et d’imposer le caractère matériel de la production signifiante dit-elle l’action théorique et idéologique de l’avant-garde est donc dirigée vers/contre les institutions mises en places par la bourgeoisie et d’abord l’université (puis l’édition) où sont sécrétées par la petite-bourgeoisie les différentes formes d’idéalisme dont ces bourgeoisies ont besoin pour dominer (pour une matériologie) dit-elle ma langue est coincée dans ton cul j’attends le triomphe de l’instrument sur le corps (crash-crache) ma langue est coincée dans ton cul à force de parler à force de dire toutes ces co(cho)nneries (+ toutes les histoires) je n’ai pu m'empêcher je n’ai pas pu me retenir (la salive est lancée) toutes les histoires scatos de la littérature (ma langue doit être coincée dans ton cul) ton cul était une (bien) trop belle cible cal-ib-rage direct idéale en somme pour mon chibre-per(ef)fect un beau cul d’putain offert un trop beau cul d’putain ouvert où plonger ma langue sale râpeuse mâle vicieuse de racler d’aspirer sucer de toutes mes forces racleuses ta douce intimité la langue ne s’lasse pas d’s’agiter d’ingurgiter (en sus) quelques petites merdes et d’for(c)er (la langue) de plus belle le caractère merdique de toute production (s/t)ex(t)uelle dit-elle_ce texte est l’histoire d’une folie pure (répéter) ma folie la vôtre celle de tous & de tous ceux qui y voient un peu plus clair dans mon j(e)u(s) (se rappeler toujours les histoires toujours toutes les histoires à commencer par celle-ci) ceci comme impératif catégorique dit-elle _l’idéalisme court-circuite le symbolique dit-elle & sa productivité (il le change on le sait en herméneutique) faute de saisir la constitution et la production du signifiant il passe directement du réel à l’imaginaire [on pourrait d’ailleurs remarquer dit-elle l’analogie existant entre la possibilité d’apparition de l’idéalisme et la conception primitive du rêve: rabattement de la représentation de la chose à la chose elle-même sans tenir compte de l’ordre réglant les modalités de la représentation] the fourth world war has begun _la guerre si telle est (encore) sa dénomination s’est attachée à discerner les mécanismes les modes d’action de réaction par lesquels l’idéalisme s’investit s’empare déforme défigure le matérialisme dit-elle _une guerre d’autant plus difficile à observer qu’il n’y a pas en général d’affrontement au grand jour dit-elle (toujours les mêmes mécanismes de défense toujours les mêmes névroses (nécroses révolutionnaires + toutes les histoires) à l’oeuvre _ce qui est refoulé ce sont toujours à tous les niveaux (économique symbolique) les processus et les conditions des processus de production dit-elle découp(l)age en noir & blanc «montage noirci à mort c’est la négation qui est entre parenthèses et l’affirmation qui est entre les mots entre parenthèses» (©Blaine) pourquoi cet endroit plutôt qu’un autre? dit-elle ce texte est le seul endroit possible pour pouvoir se perdre toute structure qui traque suture exorcise ses éléments négatifs dit-elle court le risque d’une catastrophe par réversion totale comme tout corps biologique qui traque puis élimine ses germes bacilles parasites court le risque de la métastase et du cancer c’est à dire le risque viral d’être dévoré par ses propres anticorps tout ce qui expurge sa part maudite signe son propre arrêt de mort dit-elle sous la transparence du consensus l’opacité du mal sa ténacité son obsession son irréductibilité son énergie inverse partout à l’oeuvre (comme on dirait la merde à l’oeuvre dit-elle) dans le dérèglement des choses dans le dérèglement des sens dans l’assomption des causes dans l’excès la viralité le paradoxe l’accélération des effets dans l’étrangeté radicale et dans les enchaînements inarticulables dit-elle «l’être n’est pas démocratique s’il veut exister il n’y a pas de société ni de monde qui tienne/le monde n’est habitable qu’à la condition que rien n’y soit respecté» (©Pennequin) je ne crois qu’à l’expérimentation dit-elle sans interprétation ni signifiance seulement des protocoles d’expériences seulement de l’hétérogénéité seulement des corps saturant qui font fuir l’ensemble et qui brisent les structures symboliques dit-elle tu peux sucer mon corps tu peux sucer mon corps encore comme tu veux (comme) tu peux sucer ce corps né nié chié par (s)pèr(m’) & mèr(d’) & faire (forer) de ce corps à corps langagier une véritable machine de guerre textuelle tu dis ça distords ça tort ça tue ça adore me bouffer l’cul tu peux sucer mon corps bio-porc(té) just ass kill devienne raccord à une grosse merde liquide & (ceci) sucer mon corps jusqu'à perforer le confort de sa langag’(m)iè(v)re modernité dit-elle «ah le mal ça résiste ça remporte ça persiste ah le mal ça rapporte!» c’est ça c’est pas ça pas une machine bien huilée pas vraiment une machine bien entendu une pensée ça pense ça chie d’la pensée voilà et lorsque ça pense ce que tu en dis est déjà pensé et ça pense (ça chie) aussi lorsque ça s’écrit dit-elle tout est là passer au moment où ça s’écrit non pas comme si c’était écrit non pas comme si on l’écrivait mais en étant dans la disposition de ce moment là qui en est déjà un autre dit-elle [blocks associatifs machiniks/céllules rythmiks succesives] la bourgeoisie et tout ce qui relève plus généralement de la domination a le plus grand intérêt à ce que les pratiques signifiantes restent dans le no man’s land de la pure créativité: pas de philosophie pas de théorie et surtout pas de politique on célèbre la messe entre ‘artistes’ tandis que de l’autre côté du mur d’images les masses viennent communier en silence (voulez-vous donc pourrir?) _retour à la scelle capitale: ce que nous entreprenons est une guerre ce que nous avons entrepris ne doit être confondu avec rien d’autre dit-elle les corps sont déjà des tombes les corps sont déjà des bombes qui tombent qui déjà succombent & résonnent dans les am(k)’ass des déchets de l’histoire (e)sc(h)atologique des vainqueurs dit-elle donnez-moi donc un corps! si on veut à tout prix que l’histoire ait un sens qu’on le cherche plutôt dans la mal(ad)diction qui pès(t)e sur elle + dans l’ass ça(si(g)n)’K(dense opaq) qui singe le mouvement du grand capital qui livre sans fin sa merde sans résistance pour le contrôle de l’univers dit-elle {les gens aiment à être instruits sans peine sans perte seche de salaire réel} -reste t-il de la viande pour nos chiens dit-elle 1.dès-finir le pourrissement poétique «nous voulons décrire un style de vie auquel les gens puissent immédiatement s’identifier» 2.définir la compromission poétique : ne pas souscrire au sentiment de l’indocile/faire fi de toutes les résistances possibles/se laisser baigner dans la fange des processus de domination dit-elle_le clivage du sujet poétique ne se décrit pas ne s’analyse pas seulement il se joue dit-elle la poésie doit (s)avoir (pourrir) & (a)bu S/t & (de) la vérité pratique la poésie doit savoir dire non aux formes dominantes du pouvoir (toujours les mêmes bons sentiments dit-elle toujours le même problème d’expression) pas de limite à la jouissance du mélange le plagiat est nécessaire le progrès l’implique il serre de plus près la phrase du joueur dit-elle __il faudra désormais compter avec la (dé)raison [juste un doigt] il faudra désormais compter avec la peur [juste un doigt] il faudra désormais compter avec la violence il faudra désormais compter avec la jouissance absolue [l’infinité X-ponenfielle des codes] encore un grand moment de littérature moderne qui s'achève dit-elle nous ne sommes pas vraiment au bout de nos peines (...)


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ultimo aggiornamento: giovedì 6 marzo 2003 18.54.52
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