Bollettario Bollettario Network 
Bollettario.it - versione telematica del quadrimestrale di scrittura e critica diretto da Edoardo Sanguineti e Nadia Cavalera
home / estratti / castellin 40

ESTRATTO


La fille de l'air

Philippe Castellin

Bollettario n°40


/Le poème est la somme de l’ensemble infini des formes au sein desquelles il se sent toujours également à l’étroit/
Akenaton


En France, il y a encore une poignée de Gros Éditeurs pour entretenir des collections de poésie comme, au XIX° siècle, quelques « on » à (gros) cigares s’entretenaient une danseuse: aujourd’hui, une écurie de chevaux, de rouges voitures de course… On supputera, en pareil mécénat, un investissement à long terme, ou, pour l’immédiat, une activité (au fond pas excessivement dispendieuse, hâtons nous de le reconnaître) à mettre au compte, noble$$e oblige, du sponsoring. Ce, avec mille précautions : ne publier que des gens reconnus [= ceux qu’on a déjà publiés] aussi « maison » que possible, millimétriquement conformes aux critères du genre et, d’un âge, de surcroît, fort avancé. Des valeurs sûres. Ne sera-ce point, très cher , bientôt l’anniversaire du deuxième millénaire de la mort de V. Hugo ??? - Sont tout benef et tout gâteau, les morts*. La pierre de leurs tombes est le plus sûr des placements et Baudelaire aurait souhaité - il le dit - n’écrire que pour eux. Nos Gros Éditeurs (en France), « volontiers » en feraient leurs choux gras. Editeurs mon œil - entrepreneurs en pompes funèbres, oui da ! - On n’avance guère avec ce système. Accordons plutôt un triple hourra pour ceux qui, vivants, oeuvrent avec les vivants, pour les vivants. Et sans porter perruques, sans se prendre pour un juge british sur estrade, dans son tribunal. Sorry my Lord, la providence n’existe pas, il n’y a pas de valeur refuge, l’or s’abîme, le marketing règne en seul maître, et d’airain ; la vie, il est vrai, bouge, et les vivants itou, et c’est dangereux. Il y a du risque.

*- Seuls les morts inédits peuvent nous importer (on ne les édite pas plus…)
- et encore : les éditions posthumes ont toujours la canine fine et sanglante, un petit côté Dracula

Stop sur ce chapitre : le florilège assemblé, dans les pages qui suivent, pour Nadia Cavallera et Il Bolletario , ne comprend aucun de ces noms.

D’ailleurs, (en France), et depuis longtemps - ttt les avant-gardes historiques au début du XX° - la véritable poésie , celle qui cherche le langage pour dire et dé-dire le monde où vivent les hommes de la (post)modernité, elle se passe Ailleurs ; en une sorte d’existence semi clandestine, univers où circulent de louches créatures nocturnes tombées d’une infinité de planètes irrecommandables et polyglottes. Y prolifèrent ceux qui sont des poètes éditeurs, ceux qui sont des éditeurs poètes, des collections qui vivent 3 ou 4 mois, des tirages désespérément confidentiels, des revues avec 2 numéros, des poètes-comètes qui ne publient aucun écrit mais qui lisent des choses fantastiques dans des soirées comateuses où 2 personnes attendent (en dormant ou tremblant, c’est selon) leur tour pour se hisser sur le trépied de l’auteur-lecteur. Des énergumènes qui, sur une place, dans une rue, se mettent à gesticuler ou vociférer (« il faut s’y faire… ») ou à , comme ils disent, « agir ». De la poésie, ça ??? - Etc. Sinon que, et évidemment, c’est là, dans cette ombre placentaire très exactement située au verso du soleil des media académiques et dominants, à mille lieues de tout commerce sinon de toute gloire (les choses sont un peu plus compliquées, il est des gloires « locales » et la poésie, qui ne rapporte pas un $ou et ne passe jamais à la télé, s’avère cependant hantée par nombre d’alligators) que se produisent, comme toujours, les choses importantes, nouvelles, celles qui portent sens, avec là encore des cohortes de créatures hybrides, des monstres qui pullulent chaque matin et dont certain mais oui, il y en a ! - sont de parfaits miracles. Relisez Darwin. C’est de cette manière qu’avance une espèce, par bifurcations & fourvoiements & ramification & exploration d’impasses et comme fourchement, semblerait-il, de langue. La répétition des modèles établis initie la sclérose, elle sonne l’échéance d’une fin d’autant plus proche que les rythmes du changement de milieu s’accélèrent. Ce qui est notre cas, inutile de détailler ; / Les mutants miraculeux se recrutent chez les déviants parallèles / La poésie, quand elle justifie son être,son devenir ou son néant, ne peut manquer de s’afficher goitreuse, génétiquement pourrie, à la tête difforme, aux pieds qui puent ; « It stinks », disait B. Gysin, la poésie (la vraie) (en France) est cette cour des miracles.

La revue DOC(K)S qu’Akenaton (Jean Torregrosa et moi même) réalisons de A à Z depuis 1990, lorsque Julien Blaine, son fondateur (1976) décida de jeter l’éponge et passer la main, a été faite pour héberger les dits nomades, SDF, inclassables. Avec ceux qui tentent de « réveiller » dans et sous le texte poétique, les dessins, images ou accords chromatiques qui, depuis toujours (depuis que l’écriture existe) y gisent en un sommeil plus ou moins orchestré, ttt concrets, visuels, spatialistes des années 60 à 80, ttt tous ceux dont le legs, bien que transmis par des canaux ultra-secrets et à l’écart des circuits institués, continue d’être terriblement vivace et actif, ainsi que le manifestent nombre des intervenants de la sélection. + Ceux qui, cherchant à (re)mettre de la-voix-du-souffle-du-corps dans la momie du texte emmitouflé dans toutes ses bandelettes linéaires, inventent la poésie sonore. Jurent qu’ils ne feront plus jamais de livres. Ne publieront qu’oralement, ou sur disques et cassettes, puis CD. Eux aussi à embarquer dans l’arche des poétiques et poésies expérimentales . + ceux qui pensent qu’au commencement était le geste, non le verbe. Tant il est vrai que parler ou écrire sont variantes de l’action. Créa(c)tion. Appelons les « performers ». Inscrivons les dans l’instant transgressif, l’acting exit out (de soi, des mots, du langage, des codes existants.. ) qui constitue peut être, pourquoi pas, l’abrégé de la poésie. + ceux de l’aventure technologique, générations Vidéo, programmes, CD, DVD. La langue ne leur suffit pas, à eux non plus. « Volontiers » ils n’écriraient plus, ils méta-écriraient dans des formules ésotériques, le latin se faisant C++, lingo, java : poésies animées par ordinateur. Sites expérimentalement poétiques, poétiquement expérimentaux… Monteurs de dispositifs hypercomplexes. Générateurs d’instabilités, de mélanges explosifs, manipulateurs d’éprouvettes mijotantes de liquides troubles et de clones frankensteiniens…Et + en prime, comme on devine, la pléthore des sous sous sous catégories. Car tout ceci big bangue en permanence. N’est pas aussi simple. Vit donc grouille. Vit donc se croise, s’abâtardit, mute et tente d’impossibles chimères. Plasma éclairs. Mini Volcan galactique. La soupe primitive, la cillation des synapses. Embarquons ! Embarquons. Bientôt elle sera pleine, notre arche…

La présente sélection respecte ce choix initial ; elle ne cherche pas à cacher quels a priori la gouvernent. Elle ne marque pas de simples affinités personnelles, des « goûts », elle exprime dans son principe une vision particulière de la création poétique (en France). Certains des travaux ici convoqués, à titre personnel, ne m’attireraient pas outre mesure : j’en vois cependant la portée, l’ambition, je sais quels risques ils prennent, quels sentiers battus à plate couture ils quittent, quel défi, dans un monde dominé par les nouvelles technologies et l’audiovisuel, ils tentent de relever : il arrive que parfois les ailes soient en cire et qu’elles fondent : et soit, tel est, tel a toujours été le prix à payer pour la poésie. Tous ces noms et travaux relèvent de l’aire où, une fois pour toutes et sans retour, l’on s’est engagé rompre les amarres avec les recettes et les ficelles du modèle littéraire, les visions restreintes, essentialistes, logocentrées et, au final, aussi élitistes que moribondes, de la langue, de la poésie, de l’art. Avec à la base la volonté commune d’envisager le poème comme un objet, d’en scruter le matériau, de le faire varier expérimentalement, de ne rien s’interdire : parfois cela peut être fait avec une rigueur froide, parfois dans la violence et la transgression mais le geste reste le même. Ici l’on déconstruit le code, conscient de tout ce que son usage naïf dissimule ou implique. Pour conséquence, qu’on risque ici de trouver des noms qui vont disparaître, ou en voie de disparition (quel nom ne l’est pas….) voire qui ont déjà disparu (à tel point, pour certains, qu’ils n’y figurent point du tout) (- joli prisme logique hé hé) – En revanche, et quel bonheur, qu’on n’y croisera aucune statue en plâtre de papier, nul de ces mandarins toujours prompts à revêtir l’habit du Poète Officiel (il en faut un, il en faut toujours au moins un…) ni aucun des tout petits petits fils de Dracula. Des Vivants, rien que des vivants, des inventuriers, barjots, loufoques, inconnus, atopiques et underground mohicans des web cavernes…

A envisager donc, la dite « sélection », structurée en son horizon par cette quête d’un eldorado linguistique -au sens (grand) large*- qu’est la poésie qui peut faire sourire-polaroïd parce que, certes, c’est bien plus sain, et important, d’inventer un missile à fragmentations laser pour écraser chirurgicalement une ville que de tripatouiller les gênes du langage. [Mais, se dit-on parfois qu’il en va, dans cette activité gamine, de choses tellement précieuses que la pudeur commande de les taire pour ne pas les trahir ?] – Choses à ne glisser que métaphoriquement, sous le manteau. Et par exemple : que le langage et le pouvoir ont partie liée, par l’entremise du code. Que celui qui contrôle le langage contrôle le pouvoir, et la pensée du monde qui définit tout monde. Car tout monde contient sa représentation. Que saboter tout cela (sic dirait Burroughs – attention ! le cut up n’est qu’un moyen parmi des milliards d’autres, pas de fétichisme !) est une révolution nécessaire et permanente que les poètes assument, s’ils sont des poètes, et là je veux dire qu’il y a souvent plus de poètes autour du comptoir de n’importe quel bistrot (en France) que dans pas mal de lieux culturels, ce qui est rassurant : c’est en parlant-poètes, c’est en parlant parlant que les gens desserrent l’étau ouvrent un peu d’espace entre les barreaux de la cage et l’air à venir rentre, bien sûr c’est toujours à recommencer. L’avenir c’est toujours à recommencer. Quelques poètes sont des terroristes, oh my god.

Et c’est vrai : vrai que parmi les points communs qui me semblent caractériser l’ensemble des passagers de l’Arche celui-ci est à souligner ; bien qu’engagés dans une recherche formelle souvent très raffinée, ils ne sont pas des « formalistes » au sens de Jacques Roubaud ou des actuels Oulipiens; ils n’habitent aucune tour d’ivoire. Ils sont ici. Ils regardent la télé. La pub ou les infos. Ils sont au courant des chiffres du chômage et de combien a touché le patron de Vivendi Universal pour avoir escroqué quelques millions de personnes. Ils s’indignent. Ils rêvent d’une poésie agissante. La recherche formelle est du coup subordonnée à un constat antérieur, qui concerne l’art, la poésie et le monde contemporain. Constat critique. Et d’autant plus violent que (grande part de la différence avec les années 60/80 se place là) désabusé vis-à-vis des utopies, des solutions, des alternatives. Une poésie violente et désespérée donc. Très noire. Dure. Ironique. Pas toujours, non, mais souvent. Une poésie où l’on n’est guère dupe ; une poésie où l’on se demande à tout instant quelle est la force du poème, quel est son impact. Une poésie de sniper. Une poésie de chiens lucides et enragés.

*Au sens(grand) large. Car, dans cette sélection, il faudrait tout de même mettre un peu d’ordre. Certains, représentants de la Tribu des Néo-Verbaux, continuent - recommencent, réalité ou apparence, ça rime, à attribuer au code strictement (???) linguistique une importance, ça rime tout ça, déterminante. Globalement, et souvent dans une aire marquée par l’ex groupe et revue TXT et Christian Prigent, ils sont apparus (en France) à partir des années 90-95, les premiers spécimens marquants de cette espèce ayant été C. Tarkos (ici absent pour cause de santé) ou K. Molnar. Porteurs d’une forme d’écriture sur le fond non exclusive des expérimentations conduites par les concrets ou les visuels des mêmes années, voire même qui tente de les intégrer, ils publient à nouveau des « textes », ils font des livres. Ils se rassemblent (plus ou moins) autour de revues comme Java, ou Nioques,, autour d’éditeurs comme Al Dante ou P.O.L, pas de jaloux, pas de jaloux ttt Jacques-Henri Michot, ttt Jean-Michel Espitallier, ttt Nathalie Quintane, ttt Sylvain Courtoux ttt Charles Pennequin ou ttt sylvai et Jacques Demarcq ou Katlin Molnar pour citer quelques noms qui me viennent à l’esprit, parmi bien d’autres possibles, pitié, pas de jaloux , pas de jaloux, surtout pas de jalouses, et étant entendu que ces noms ont bien peu à voir les uns avec les autres : chose inévitable puisqu’un poète n’a, de toutes les façons, définitivement rien à voir avec personne - et SURTOUT PAS avec lui-même. Il est clair que l’écriture comme éventrée de Sylvain Courtoux , laquelle, en son cocktail très Molotov, rassemble Lacan Burroughs Guyotat et puis qui d’autre encore?, se situe à plusieurs kilomètres de celle, mettons, de Jean-Michel Espitallier, minimaliste, élégante, nappée d’humour et proche, sans lourdeur démonstrative, d’un esprit « concret » ou objectiviste très nord américain. Laissons les Verbaux. Aux antipodes, on classera tous ceux qui, de prime abord, relèvent des « visuels », des « concrets » ou de leur héritage, ttt Julien Blaine en tête, Grand Ancien que j’imagine évidemment très mécontent d’être réduit à l’une de ces étiquettes dont il serait (j’y ai fait allusion) bien rapide de dire qu’elles relèvent de telle ou telle « époque » (sous entendu : dépassée…Ah ! le progrès dans l’art…). N’en déplaise aux uns ou autres, l’insistance sur la matérialité visuelle ou sonore de l’imprimé (catégorie bien plus pertinente ici que celle de « texte ») autant que la référence à l’univers de l’information et des medias naguère affirmée par les Visifs italiens, demeurent d’une actualité brûlante. Elle fait partie des axiomes dont s’inspirent nombre de poètes souvent proches de DOC(K)S - mais pas seulement, ttt Gilles Cabut et Julien D’Abrigeon et Georges Hassoméris ou la plupart de ceux que rassemblent des revues comme BOXON ou (de façon moins marquée) OUSTE – Dans les mêmes parages, mais plus loin encore du domaine du livre ttt Akenaton, qui dénomme poème, on aura tout vu !, un film-sans-mots de 90 heures, de surcroît présenté comme « une performance destinée à servir de partition pour une installation plastique à venir… » formule qui, on le voit, traduit à merveille la démarche résolument « inter-hyper-transmedia (sic) d’un groupe connu aussi bien dans l’ordre de l’art/action que du web ou des arts plastiques. ». [la poésie, énonçons-le comme Gertude Stein « est ce que les poètes font » ou, mieux, ce qu’ils nomment (performativement) poésie*].

[*que j’écris, moi, poésie, avec une barre, afin d’éviter les malentendus]

- Avec, entre ces 2 cas caps, verbaux d’un côté, visuels et post- de l’autre une série de nuances, tout un camaïeu qui décline la gamme continue des écarts. Car il y a texte et texte, comme il y a image et image. Ah, la vie est compliquée. Un texte qui se présente comme un texte peut bien (ttt Serge Pey, performer, poète sonore dans la grande lignée shamanique, ttt Cyrille Bret, l’un des jeunes actionnistes les plus rigoureux de la scène contemporaine, en France ) ttt Frédérique Guétat-Liviani, à la fois performeuse, poète visuelle ou encore ttt Hervé Brunaux, n’être en fait qu’(AUSSI BIEN )une partition pour une action, sonore ou visuelle, et une « chose faite de mots » peut aussi (ttt D’Abrigeon) n’être en réalité qu’un ready made, un found poem, une roue de bicyclette, une copie d’élève ramassée dans la rue, une étiquette, un morceau de journal, ou les fragments d’un dialogue samplé à la télé et re-mixé, ainsi que Nathalie Quintane en donne ici l’exemple: plus près ou plus loin – au fond – de la « poésie » que , mettons, une performance de Bret ou le film des Akenaton ??? – Impossible de trancher, non. Il faudrait avoir recours à une définition essentialiste, platonicienne de la poésie pour répondre de cette manière. La perspective ici défendue [poésie] est pragmatique, contextuelle. Un texte qui n’est qu’un texte peut aussi, et cependant, et parfaitement, par le recours qu’il fait à des structures (la liste est un exemple privilégié, liste en tous genres, classements selon les critères les plus variés, alphabétique etc.) ou par l’utilisation des Mallarméennes possibilités offertes par la PAO (gestion des styles et de l’ensemble des paramètres typographiques) pratique dont je crois avoir personnellement donné dès la fin des années 80 quelques exemples isolés et précoces mais qui aujourd’hui s’est largement répandue ( ttt Sylvain Courtoux, Jérome Game…) mimer (référer, connoter….) un autre texte, un autre « univers », un autre objet, dictionnaire, abécédaire, annuaire, livre d’enfants, bandes dessinées ou catalogue de la Redoute : ttt Georges Hassoméris, Gilles Cabut. Une image, un objet de nature plastique peut à rebours celer - il faudrait dire enfouir - un texte ou, en tout cas , une « chose faite de mots ». ttt Bernard Heidsieck, ses planches faites de « rubans magnétiques » qui s’offrent évidemment , et à l’œil, dans une tri/valence « plastique » « verbale » et « sonore » laquelle, si l’on m’a suivi, est en vérité presque toujours assumée par les poètes de cette sélection, à placer tant dans la mouvance des Verbaux que dans celle des Visuels, des performers, des Techno, des sonores ou de toutes les catégories intermédiaires supplémentaires ou complémentaires que l’on voudrait imaginer. En vérité, ils sont bien plus proches qu’il n’y paraît, et si prompts à échanger leurs attributs qu’il me semble que cette caractéristique protéiforme et combinatoire pourrait également constituer l’un des traits majeurs de la poésie actuelle, en France.

Sans oublier, détail important, que Il Bolletario publie doublement cette sélection, en ligne et sur le papier, comme une page web et comme un livre. Sur le web tout devient image - par la vertu du contexte pragmatique - tandis que, dans le livre, tout vire au texte. Nous ne croyons plus aux essences. Platon fond.

Pas plus aux apparences. Impossible, mieux : idiot, également, et pour conclure, d’enfermer l’un quelconque de ces noms dans la trace ici même objectivée. Les poèmes sont autant d’habitacles qu’on laisse derrière , autant de vieilles peaux dont l’on se dé-fait. Il y a gros à parier qu’un jour Julien s’intéresse plus au « résidu » (le texte ) qu’ à la performance ou à l’action. Que de la vidéo ou de la poésie visuelle Tardy passe au poème « standard ». Qu’un soir ou un matin Jacques-Henri se mette au sonore, tandis que Charles se réveillerait informaticien. Ou gendarme, qui sait ??? – Nous ne sommes plus ce que nous sommes .

Les poètes sont des professionnels de l’évasion. S’évader, en français, il y a une belle expression, que j’espère absolument intraduisible, c’est « jouer la file de l’air ».

Certains ne figurent pas dans cette anthologie ttt

Ils auront fui plus loin, trop loin pour qu’on les capture, c’est tout.


Ph. Castellin 2003



:back_  :top_
ultimo aggiornamento: sabato 8 novembre 2003 15.39.15
powered by: Web-o-Lab
Bollettario.it